Ulla Basqué est architecte d’intérieur de la bdia (Fédération des architectes-décorateurs allemands) et a obtenu un agrément pour la sécurité incendie incluant aussi les bâtiments de classe 4 selon la réglementation bavaroise sur la sécurité incendie. Avec Basqué Et Partner, elle réalise des projets dans le domaine de la construction de bureaux, magasins et logements depuis 25 ans. Elle anime régulièrement des séminaires sur la sécurité incendie en qualité de conférencière de la bdia. Depuis 2019, elle dirige le département architecture d’intérieur et design chez Aichinger, le spécialiste de la construction de magasins.
Madame Basqué, les bureaux d’aujourd’hui doivent satisfaire à des exigences plus complexes que les bureaux classiques du siècle dernier. Que pensez-vous de cette tendance en tant qu’architecte d’intérieur ?
Le nouveau monde du travail multisite est nettement moins dépendant de lieux fixes, d’horaires et de tâches, il a donc aussi transformé les concepts du bureau : dans les entreprises, les équipes sont composées de membres des différents services qui changent à chaque projet, Les locaux et l’infrastructure doivent donc être flexibles pour permettre un travail agile. L’institut Fraunhofer a découvert il y a quelques années déjà que les innovations naissent le plus souvent au sein même de l’entreprise. Dans de nombreuses situations, l’alternance entre l’effort du travail qui demande de la concentration, et la détente d’une discussion informelle, suffit déjà à faire naître des idées nouvelles et à induire certains comportements. Les locaux doivent permettre cette flexibilité. Ainsi, les bureaux paysagers prévoient aujourd’hui des postes de travail mobiles et des espaces pour la détente ou le sport où les salarié·es se retrouvent entre le café et le travail pour stimuler leur créativité.
Quels changements pour la planification de l’aménagement intérieur ?
Avec du mobilier décontracté dans un espace lounge, des cafétérias ouvertes, des cloisons en textile et des panneaux acoustiques, les bureaux d’aujourd’hui offrent flexibilité d’usage et grand confort. La tendance du bureau paysager s’est profilée il y a quelques années déjà, mais avec un tout autre objectif : dans le cadre d’un usage plus efficace des surfaces, les zones de circulation et espaces techniques sont désormais volontiers utilisés pour des réunions ou pour une cafétéria à côté de l’imprimante ou du photocopieur. En plus d’une très bonne acoustique, ces nouveaux espaces ouverts requièrent cependant une attention particulière en matière de sécurité incendie.
Quels défis pour la sécurité incendie ?
La planification se base toujours sur une approche différenciée qui commence par la classe du bâtiment. Le classement repose sur le type, la hauteur et la superficie du bâtiment et sur le principe : plus la classe de bâtiments est élevée, plus les exigences sont strictes. Une attention particulière est toujours apportée aux allées de circulation, qui font souvent partie des issues de secours et voies d’évacuation. Leur largeur définie dans l’expertise incendie ne doit en aucun cas être modifiée. Dans les bâtiments des classes 4 et 5 et les constructions spéciales, le mobilier placé dans les issues de secours et voies d’évacuation doit même être fixé au sol sans quoi il pourrait, en cas d’incendie, être déplacé et réduire la largeur des voies d’évacuation, voire les bloquer. Toutefois, après une analyse des risques différenciée, les charges combustibles dans les issues de secours peuvent être tolérées au cas par cas et de manière limitée dans le cadre d’une approche ciblée sur la sécurité.
Comment le mobilier peut-il contribuer à la sécurité incendie ?
Actuellement, les exigences pour les matériaux de rembourrage composites sont standardisées pour l’Allemagne dans la norme DIN 66084. Cette norme procède à une classification sur la base des résultats des tests selon DIN EN 1021, partie 1, cas de « l’allumette qui se consume », et partie 2, la « cigarette qui brûle », et selon DIN 54341 avec le « journal qui brûle ». Les matériaux de rembourrage composites testés avec une pile de bois selon la norme britannique BS 5852 présentent des qualités supérieures en matière de sécurité incendie. Il est important ici d’analyser l’ensemble du système et non chaque composant individuellement, comme le tissu de revêtement. En règle générale, les meubles rembourrés qui présentent un meilleur comportement au feu contiennent des éléments coupe-feu entre la mousse et le tissu du revêtement sous forme d’un non-tissé spécial non combustible.
Quel mobilier conseillez-vous aux planificateurs ?
Même si les appels d’offres se réfèrent à la classification des matériaux et non à celle des meubles, il est toujours préférable de respecter les indications du fabricant. Quels matériaux composent le piétement, le revêtement ou encore le rembourrage ? Ces matériaux satisfont-ils aux conditions requises dès leur sortie d’usine ? Le mobilier peut fortement contribuer à la prévention des incendies, par exemple quand un meuble rembourré est autoextinguible. Certes, aucune norme ne l’impose, mais en cas d’incendie, c’est un atout qui peut sauver des vies, en particulier dans les espaces très fréquentés et ouverts.
Merci pour cet entretien !
Site Internet de Basqué Et Partner (en allemand).